Page:Laurent - La Poésie décadente devant la science psychiatrique, 1897.djvu/36

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Subodorons les alizés,
Aux glas engluants, aux baisers
Argyraspides sous la tente.

Saouls d’espace et d’aberratif,
En proie, anges souvent rétifs,
Immobilise les pensées.

Nutrition finie. Enfants
Issus des immortelles gynécées
Par des entonnoirs d’oliphants !

En vérité, qu’est-ce qu’a bien voulu dire ce monsieur qui immobilise ses pensées en se comparant à des anges souvent rétifs ? Il l’avoue lui-même, il est saoul d’espace et d’aberratif, — d’aberratif surtout. Il sent que son esprit erre à l’aventure, qu’il marche en pleine folie. C’est de la verbigération pure.

Si ce sonnet était une charade ou une fumisterie d’écrivain, ce serait à se tordre de rire. Mais si, malheureusement, comme je le crois, cela est l’expression sincère et juste d’une âme tourmentée, il n’y a plus de quoi rire. On ne rit jamais d’un fou, quelque étranges et drolatiques que soient ses conceptions.

Il en est de même de la poésie suivante qui est signée : Sinocim.

Cor d’ivoire, aussi d’argent sincère,
Le verbe clamé du cor de cristal,