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Voici un sonnet de M. René Ghil, un décadent de la bonne école. Le diable m’emporte si vous arrivez à comprendrez l’idée qu’il a voulu exprimer, si toutefois il a voulu en exprimer une.

Oyez plutôt cette pure quintessence de décadentisme :

Mais leurs ventres, éclat de la nuit des tonnerres,
Désuétude d’un grand heurt des préaux cieux,
Une aurore perdant le sens des chants hymnaires,
Attire en souriant la vanité des yeux.
Oh ! l’épave profond d’ors extraordinaires
S’est apaisé léger en ondoiements soyeux,
Et ton vain charme humain dit que tu dégénères,
Antiquité du sein où s’apure le mieux !
Et par le voile, aux plis trop onduleux, ces femmes,
Amoureuses du seul semblant d’épithalames,
Vont irradier loin d’un soleil tentateur,
Pour n’avoir pas songé, vers de hauts soirs de glaives,
Que de leurs flancs pourrait naître le Rédempteur
Qui doit sortir des temps inconnus de nos rêves.

Et ceci n’est point une exception. Voici un autre sonnet de M. Armand Mundel, qui n’est pas moins remarquable par son obscurité.

Oyez encore :

Rouler de l’angoisse expectante,
Nous, les trémières fers broyés,
Et par l’armoise ankylosés
Dévalons de l’encre latente.

Ceints de l’idéal qui nous tente,