Page:Laurent - La Poésie décadente devant la science psychiatrique, 1897.djvu/33

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les vers qui suivent de M. A. Delaroche sont audacieux, mais ils sont encore compréhensibles :

Parmi les fleurs du blanc matin,
tu t’es assise au bord du chemin ;
tu t’es assise parmi les roses,
aux feux mouvants des apothéoses.

Tandis qu’à l’horizon, peuple d’or et de sang,
l’Attendu, salué des aurores ravies,
pressait, au verger clair, les grappes de la vie.

Mais on y sent trop la recherche et l’apprêt ; l’idée est déjà sacrifiée au cliquetis des mots et des rimes ; un pas de plus et nous arrivons à l’incohérence de M. G. Mauclair :

Le silence futur stagne sur les iris
Qu’invitaient les cils à des ombres d’eau morte,
Et l’or astral pleurant la psyché qu’on emporte
S’épanouit en grands calices assombris.

Voilà que sont défunts les vivants luminaires
Où l’occulte hosannah ressuscitait les vœux,
Et sous le miel ambré des virginaux cheveux
La lueur déserta l’ogive des paupières.

Vitrail où les désirs nimbés en séraphins
Fleurissaient le triomphe ailé de leurs extases
Avant de dédier aux pâles hypostases
L’enténébrement doux de leurs fronts purs et fins,

Lac où dans le saphir d’un émail trop profane