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Riche écrin de joyaux serti par Anubis.
À l’horizon passaient, légers comme des toiles,
De longs cirrus pareils à des ailes d’ibis.
Au front d’azur d’Athor, déesse de la nue,
La nuit avait posé son voile ténébreux,
Parure en ses cheveux d’ébène retenue
Par le croissant d’argent aux reflets vaporeux.

Et ailleurs :

Les constellations naissent, éblouissantes,
Semant les prés du ciel de fleurs incandescentes.

Le poète reste compréhensible, malgré les hauteurs où il s’est élevé. Il n’a pas perdu pied et reste en contact avec le monde réel.

M. Laurent Tailhade a des images aussi hardies qu’heureuses :

La lune qui descend le long des promenoirs,
Sur les blancs escaliers traîne ses mules blanches
Et ses rayons furtifs palpitent dans les branches
Comme des séquins d’or parmi des cheveux noirs.

M. Versini dit également avec assez de bonheur :

Nous verrons sous nos pieds, parmi les plaines viles,
S’ouvrir, calices noirs, les orgueilleuses villes,
Et comme des esprits perdus dans la nuit brune
Sur les bleus océans glisser de vagues toiles ;
Pour les offrir en route à notre sœur la lune
Au zénith nous ferons de blancs bouquets d’étoiles.