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Dans la nef aux mornes voussoirs,
Balanceront des encensoirs.

Ailleurs il chante :

Les martyrs en surplis d’écarlate, les sœurs
Marthe et Marie aux pieds du maître qui s’incline,
Et le vol blanc des séraphins intercesseurs,

Bernard dans les vallons, Benoît sur la colline,
Les Sybilles qu’Arnaud de Moles attesta
Près du roi Christ féru du coup de javeline.

Et plus haut, en plein ciel, un chœur d’enfants porte à
Notre-Dame, sur le vélin des banderolles,
Ces mots d’amour : Ave, felix cœli porta !

Ne croirait-t-on pas entendre un moine voué au culte de la vierge et épris mystiquement de l’Immaculée !

Tout à coup M. Tailhade se transforme. Il dépouille le vieil homme et devient réaliste. Dans ses Quatorzains d’été il chante en termes sans apprêts, le troisième sexe, l’hydrothérapie ou

Madame Dindona, dont la croupe est pareille
Au dos de l’éléphant sacré de Bénarés.

Âme sans consistance, débile et légère, volonté défaillante, le dégénéré ne sait où jeter l’ancre ; il erre à l’aventure de ses bonnes ou de ses mau-