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ches dans le plein bleu du ciel ; aujourd’hui, il lance les cris de sa chair en rébellion, dans un livre tout bouillonnant de l’écume des désirs et des plaisirs. Ainsi, aux façades de nos cathédrales, des gargouilles obscènes, de posture immonde, grimaçantes et convulsées de volupté bestiale, coudoient les saints et les saintes en de rigides attitudes, aux longues mains jointes, tendues vers le ciel ».

On pourrait facilement retrouver chez un autre poète de talent, M. Laurent Tailhade, cette même excessivité des contrastes.

Écoutez cet hymne à la vierge :

Empérière au bleu pennon,
Sur le cistre et le tympanon,
Les cieux exaltent ton renom.

Toi de Jessé, royal provin,
Pain mystique, pain sans levain,
Font scellé de l’amour divin.

Toison de Gédéon ! Cristal
Dont le soleil oriental
N’adombre pas le feu natal.

Ave gratia ! Que ta main
Cueille, pour l’ineffable hymen,
Les lis nouveaux du bon chemin.

Et il termine par une sorte de vœu d’adoration :

Pour vous, mes chants, matins et soirs,