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Et le divin laurier des âmes exilées,
Vermeil comme le pur orteil du séraphin
Que rougit la pudeur des aurores foulées ;
L’hyacinthe, le myrthe à l’adorable éclair,
Et, pareille à la chair de la femme, la rose
Cruelle, Hérodiade en fleur du jardin clair,
Celle qu’un sang farouche et radieux arrose !

Tout cela est ravissant et dit avec une richesse et une couleur presque inimitables. Il continue, sur un rythme vague et déjà presque obscur :

Et tu fis la blancheur sanglotante des lys,
Qui, roulant sur des mers de soupirs qu’elle effleure,
A travers l’Océan des horizons pâlis,
Monte rêveusement vers la lune qui pleure !

À la rigueur, cela peut se comprendre, et cette poésie rêveuse et indécise conserve encore un certain charme.

À la strophe suivante, il devient obscur et incompréhensible. On dirait qu’on a jeté un voile devant les yeux éblouis du poète. Il ne voit plus, il parle, mais ce ne sont plus que des sons :

Hosannah sur le cistre et dans les encensoirs,
Notre-Dame, hosannah au jardin de nos limbes !
Et finisse l’écho par les célestes soirs,
Extase des regards, stincillement des nimbes !
O mère qui créas, en ton sein juste et fort,
Calices balançant la future fiole,
De grandes fleurs avec la balsamique mor