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canapé, et un monocle carré vissé dans l’œil droit. Il porte à la main une trique qui pourrait servir de poteau télégraphique. Ajoutez à cela une tête aplatie, avec un nez retroussé et mal planté, des lèvres minces sur une bouche édentée. S’il sort dans la rue avec ce costume, il doit avoir un joli succès, car le pauvre jeune homme fait carnaval en toute saison.

Comparez la belle tête romaine de François Coppée, celle moins régulière et moins harmonieuse de Zola ou la bonne figure de Jean Moréas avec les faces glabres et pâles d’eunuques qui les environnent. Le contraste est frappant.

En voici un qui n’a pas de front, un autre atteint de prognathisme prononcé, trois autres frappés d’une asymétrie faciale manifeste. En examinant cette page on dirait la galerie des gueules de travers. Voyez ces têtes plagiocéphales, oxycéphales, acrocéphales, ces nez difformes ou tordus, ces faces glabres et asymétriques, ces oreilles larges, en anses, mal ourlées, ces zygomes énormes, ces mâchoires lourdes et prognathes. Considérez celui-ci avec son menton de galoche et sa lèvre mince, en lame de couteau, et cet autre avec sa face hébétée d’alcoolique et les yeux d’halluciné de celui-ci et la figure simiesque de ces deux autres. Voyez ce beau jeune homme si bien peigné et si bien coiffé et un autre à la longue chevelure qui font évoquer les baïtchas de l’Asie. Et combien d’autres encore