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dont toute l’affection se reporte sur un animal, souvent immonde. Leur vie toute entière gire autour de cette bête qu’ils soignent et dorlottent comme un enfant, pour laquelle ils travaillent et feraient les plus grands sacrifices. Ce sont généralement des vieilles filles qui n’ont jamais trouvé à placer leur affection, des prostituées qui se consolent ainsi des dédains et de la brutalité des hommes qui les prennent en passant et les rejettent ensuite avec dédain dans la rue. A. Daudet a décrit dans son roman Sapho la passion d’une vieille prostituée pour un caméléon qu’elle élevait dans de la ouate et qu’elle soignait plus attentivement qu’une mère soigne son petit enfant.

D’autres s’attachent à des singes, à des cochons d’inde, à des chats, à des chiens.

Je connais une hystérique un peu détraquée qui préfère sûrement son petit chien à ses enfants. Quand elle leur distribue des bonbons, le chien passe toujours avant eux. Je connais une famille où l’on élève un petit singe puant et malfaisant qui casse tout et salit tout. Il n’en est pas moins choyé et dorlotté. Par contre, les enfants sont tenus avec un rigorisme exagéré. On pardonne au singe les plus vilaines farces et on le gronde en lui donnant des noisettes ou des morceaux de sucre, alors que les enfants sont sévèrement réprimandés pour la moindre maladresse et la moindre peccadille.

M. A. Ruffin qui a écrit un poème sur Les