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qui ne fut qu’un homme de talent très artiste et qui eut pu être un homme de génie, fumait.

Flaubert, presque un impuissant, qui passait six ou huit ans à ciseler un livre, fumait.

Baudelaire, un grand artiste au désespoir effrayant, fumait.

Gérard de Nerval, qui fut un désolé et un vaincu de la vie, fumait.

Villiers de l’Isle-Adam, un incohérent qui eut pu être quelqu’un peut-être, fumait.

Les frères de Goncourt, dont on connaît la subtibilité nerveuse et maladive, fumaient.

« Beaucoup de grands fumeurs sont pessimistes, dit encore M. de Fleury, et non point de cette hautaine et noble tristesse qui fait les chefs-d’œuvre, mais d’une tristesse aiguë, irritable, sans dignité. Les calmes, les forts, les impassibles, et, comme on dit, les olympiens, ne sont pas des fumeurs ».