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Ne voulant pas sortir de ma réserve, je n’ai pas la prétention de rechercher si le tabac entrave le génie et nuit à son évolution. La question est trop complexe et trop difficile. Mais je me contenterai d’emprunter quelques faits au beau travail de M. de Fleury.

Pour cet auteur, les grands génies ne fument guère ; il semble même, dit-il, que, logiquement, il ne puissent pas fumer.

Balzac avait le tabac en horreur et il s’est souvent élevé contre ce vice ; Henri Heine, le délicieux poëte allemand, ne fumait pas ; Goethe ne fumait pas ; Victor Hugo ne fumait pas ; Dumas père ne fumait pas ; Michelet ne fumait pas.

Par contre, Byron, un détraqué de génie, un issu d’alcoolique, presque dépourvu de sens moral, fumait.

Musset fumait : mais quelle vie et quelle mort ! et puis quelles chutes après quels coups d’aile ! quelle inégalité ! que de choses indignes de son talent !

Eugène Sue, un imitateur, déjà presque un inconnu maintenant, fumait.

George Sand, une mécontente et une hypocondriaque, fumait.

Paul de Saint Victor, un critique habile mais un impersonnel, fumait.

Ponsard, un médiocre, fumait.

Théophile Gautier, un indolent et un découragé,