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brations maladives, il serait bien désirable que les aliénistes puissent guérir une partie de ceux qui s’y livrent. J’aime et j’admire la poésie ; mais quand elle fait tort au bon sens, je préfère que l’on laboure la terre ou qu’on gâche du plâtre en se remettant les muscles et le cerveau en équilibre. »

Je n’ai rien voulu dire autre chose dans les pages qui vont suivre.

J’ai simplement voulu montrer que chez certains individus, la poésie n’était qu’une sorte d’extériorisation du détraquement cérébral, une manifestation de leur état d’infériorité mentale.

Certains dégénérés peuvent avoir des élans surprenants, s’élever sur les ailes de la poésie à des hauteurs presque inaccessibles, ciseler des vers d’une délicatesse exquise, d’une douloureuse et ravissante morbidesse, comme Verlaine ou J. Moréas, d’autres ne dépassent jamais une incohérente verbigération presque uniquement basée sur les assonances. Les premiers sont ce qu’on est convenu d’appeler des dégénérés supérieurs, des progénérés. Les seconds ne sont que des