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sier, envieux et vaniteux. Il avait des querelles continuelles et un meurtre l’obligea de quitter Rome. À Malte, il se fit emprisonner pour avoir insulté un chevalier.

Le peintre flamand Brauwer ne fut qu’une superbe et épique canaille, un franc drôle, un pilier de tripots et de tavernes, se mêlant aux soûleries, fomentant les rixes, tapant lui-même la crapule à coups de brocs. On le retrouve du reste dans ses tableaux. « Chez lui, dit C. Lemonnier, le sang et la bière coulent pareillement, ses crânes s’ouvrent comme des bondes, ses tonnes giclent comme des plaies ; on cogne, on se troue la peau, on se disloque les mâchoires, on s’assomme. Les marauds s’enflent de colère et d’orgueil, et dans une atmosphère de massacre, par-dessus les faces de crapauds et de poulpicants, les ternes épaules et les torses empâtés, toujours s’exhausse le geste des bras frappant comme des massues. Une haleine de carnage souffle à travers ses lampées et ses parties de cartes ; il peint les épiques ribauds, les plèbes en folie, les truandailles des cours d’assisses. Son art s’enveloppe de haine froide, d’hyberbolique violence, de grossissement tragique.»

Son élève Jean Steen, de Leyde, ne valait guère mieux et ne travaillait que pour boire.

Je pourrais citer nombre de cas semblables parmi les poètes décadents.