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toute sa vie et il était extrêmement sensible à tout ce qui pouvait la lui rappeler.

Mais, pour parler en toute justice, il ne faut pas oublier que Byron avait l’excuse du génie, qu’il accomplit quelques grandes et belles actions qui peuvent racheter bien des fautes. De plus, et cette excuse n’est pas la moins importante à nos yeux, sa mère, lady Byron, éprouvée par de longs chagrins, chercha, comme bien des malheureux, à échapper au sentiment de ses maux par ces suspensions de l’intelligence qui sont une sorte de sommeil pour l’âme ; elle appela le gin à son secours et se mit, comme Oberman, « à boire l’oubli des douleurs. »

Carlyle maltraitait sa femme, bien qu’elle fut intelligente et eut pu lui servir de collaboratrice. L’idée de voyager avec elle en voiture lui paraissait inadmissible. Il la trompait sous ses propres yeux et prétendait qu’elle ne s’en occcupât point. Il en faisait sa domestique ; elle devait écarter de lui tous les bruits, lui cuire son pain, parce qu’il n’aimait pas celui des boulangers, faire à travers les bois des lieues à cheval pour lui servir de courrier. Il ne la voyait point en dehors des heures des repas, il restait près d’elle pendant des semaines entières sans lui adresser la parole, même lorsqu’elle tomba malade.

Alexandre Dumas raconte dans ses Confessions (p. 312) que, dans un accès de colère, il alla jusqu’à arracher les cheveux de sa femme. Il disait