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l’écrit Macaulay, « c’était bien un de ces hommes dont on peut dire : scientiis tanquam angeli, cupiditatibus tanquam serpentes. »

Bacon n’était ni un poète ni un dégénéré, mais un génie criminel chez qui les passions déchaînées étouffèrent la vertu.

L’Arétin est resté le type des écrivains dignes du mépris universel. Aussi lâche que cupide, il était si vaniteux qu’il s’appelait lui-même le divin Arétin et il osa solliciter du pape Jules III la dignité de cardinal.

Byron lui-même était possédé par un égoïsme maladif et chacun sait qu’il s’est comporté toute sa vie comme un homme dépourvu de sens moral. Même lorsqu’il aimait sa femme, raconte Jefferson, il refusait de dîner avec elle, pour ne pas renoncer à ses vieilles habitudes. Un jour, pendant qu’il travaillait, elle arrive et lui demande si elle lui cause de l’ennui : — à en mourir, lui répondit-il. Il battait sa maîtresse, La Guiccioli, une gondolière vénitienne qui, du reste, le lui rendait bien. Il raconte lui-même qu’une fois sa mère le poursuivait pour le frapper, et que, ne pouvant l’atteindre, elle lui cria, en le menaçant de la main : « Je t’attraperai plus tard, marmot boiteux !» Byron s’arrêta, saisi d’un sentiment de colère et de haine, car l’injure de sa mère venait de le frapper à l’endroit le plus sensible de son orgueil. En effet, la légère difficulté du pied dont il était affligé le préoccupa