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poète au nez de travers, glabre et pale, à la face asymétrique, fendue d’une large bouche ricanante et qui ne vomit que l’ordure. Entre onze heures et deux heures du matin, il dit devant des putains pâmées et des bourgeoises vicieuses venues là pour l’entendre, des poésies dans le genre de celle-ci qui s’intitule : Le maquereau amoureux.

J’viens d’taper sur ma gonzesse ;
J’te viens d’lui r’filer un tabac !
Faut que je la mette un peu à la redresse !
Faut pas qu’elle se foute de son mac !
Puis, c’te femme-là, elle m’dégoûte ;
Faut toujours qu’elle m’cause du turbin.
Nom de Dieu ! qu’est-ce qu’elle veut que ça m’foute,
Pourvu que les miches soient rupins !
Lorsqu’elle m’aboule d’la galette,
Faut toujours qu’elle m’dise d’où qu’ça vient.
C’est pas pour rien que j’porte un’ casquette.
Pourquoi qu’elle me l’dit ? Je l’sais bien.
De ce dégoût, j’vas vous dire la cause.
Si nous nous cognons tous les deux,
Ah ! faut pas chercher autre chose,
Rigolez pas ! J’suis amoureux.
Oh ! mais, pincé de la belle manière !
Il y a d’ça environ un mois.
Et c’est la fille d’ma portière.
Je deviens pâle chaque fois que j’la vois.
Elle est si bath avec ses mirettes
Grand’ comme ça ! On peut s’voir dedans.
Avec ça, de jolies risettes
Montrant tout l’éclat de ses dents.
Mais ce qui m’turlupine, c’qui m’agace,
C’est voir rentrer mon veau de rapport