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life, c’est souvent un vaincu qui ne sait que pleurer et gémir, sans oser lutter et affronter la tempête en face. Quand on lit certains vers, on croirait entendre le son d’une harpe qui se brise.

Mais, tel n’est pas toujours le cas. Souvent le malheur du poète n’est que le fruit d’une vanité exagérée, d’un égoïsme hypertrophié qui ne veut rien voir en dehors du moi. Il en résulte un froissement perpétuel, une irritabilité excessive qui engendre la colère et la haine. Le poète se croit d’une essence supérieure ; il se figure que tout doit se courber devant sa supériorité le plus souvent imaginaire. Dans la lutte pour l’existence il se trouve maté, vaincu : alors son âme, aveuglée par l’orgueil, ne lance plus que des cris de haine et de colère.