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GASTON.

À bon entendeur, serviteur ! (Il retourne à sa place ; dans le mouvement animé et brusque que Gaston a fait, sa douillette s’est entr’ouverte et le sergent a aperçu son épée.)

BELLEROSE, à part.

Qu’ai-je vu !… une épée !… Hum !… hum !…

NANETTE.

Or donc, si vous les rencontrez, regardez-y à deux fois, beau sergent.

BELLEROSE.

Soyez tranquille, la jolie fille, un bien averti en vaut deux… (À part.) Ce sont eux… je les tiens ; mais un jeune homme armé, résolu, soyons prudent… point de violence ni d’infusion de sang… (Haut, en saluant Gaston.) Pardon de vous avoir dérangés, (Appuyant.) respectable monsieur et vénérable madame Denis.

NANETTE.

Bonsoir, monsieur Bellerose ; à l’avantage (à part.) de ne plus te revoir, estaffier maudit !… (Restant sur la porte et lui parlant à la cantonade.) À gauche… l’escalier.

GASTON, se levant.

Et puisses-tu t’y rompre le cou. (Il se débarrasse de sa douillette.)

NANETTE, riant.

Ainsi soit-il ?

BELLEROSE, trébuchant avec bruit et poussant un cri

Ah !

NANETTE.

Patatras !… (À la cantonade.) Prenez garde, il y a un pas !

BELLEROSE, dehors, avec colère.

Du diable, il est bien temps de m’avertir !

NANETTE.

Je vais vous montrer le chemin. (Elle sort.)


Scène VI.

LUCILE, GASTON, puis NANETTE.
GASTON, remontant au fond en enlevant sa perruque, qu’il jette sur un siège du fond avec sa douillette, à Lucile, qui de son côté se débarrasse du bonnet et de la pelisse.

Parti enfin ! Le danger est passé, et nous pouvons continuer notre repas… (Il va à la table et la remet en place.) repas si fâcheusement interrompu avant d’avoir commencé. (Allant à Lucile.) Venez, chère Lucile. (Il lui prend la main.) Eh quoi ! vous tremblez encore ?

LUCILE.

J’ai eu si grand’peur !