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Enfui comme un poltron de sa patrie en flamme,
Content de se sauver, et de perdre sa femme !
Et qui, de cour en cour, fier de son déshonneur,
Colporte sa bassesse et son vit suborneur ?
Le traître ! N’ai-je pu disperser sur les ondes
Sa pine vérolée et ses couilles immondes,
Assassiner ses gens, massacrer ses amis,
D’Asgagne dépouillé faire un affreux salmis,
Et moi-même servir au père misérable,
Des membres de son fils le ragoût exécrable !
Mais enfin du combat le destin entre nous
Aurait été douteux ? Douteux, soit ; je m’en fous.
Résolue à mourir, qu’avais-je encore à craindre,
Et qui pouvait forcer ma rage à se contraindre ?
J’aurais porté le feu dans son camp abhoré,
À la flamme, à la mort tout eût été livré ;
Sur le fils palpitant j’eusse égorgé le père ;
J’eusse éteint dans son sang sa nation entière,
Et me branlant moi-même à leurs yeux expirans,
J’aurais rendu leurs maux et mes plaisirs plus grands.
Soleil, flambeau des cieux qui par-tout fais ta ronde,
Junon, témoin secret de ma douleur profonde,