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Au pied du saint autel sa main verse une eau terne,
Eau d’un bourbier voisin, baptisée eau d’averne,
Pile des végétaux remplis d’un noir venin,
Coupés au clair de lune avec des faulx d’airain,
Et paîtrit l’hippomane, impur sang des menstrues,
Sur le front du poulain en naissant épandues.

Didon même, à l’autel par son ordre dressé,
S’avance le sein nud, le pied droit déchaussé ;
Sa main des pains bénis tient l’offrande sacrée ;
Sombre, l’air inquiet, et la vue égarée,
Elle invoque les dieux témoins de son dessein,
Et s’il en est quelqu’un dont le pouvoir plus saint
Venge des cons trompés l’impardonnable injure,
Sa douleur en mourant lui dévoue un parjure.

Il était nuit ; déjà rois du sombre Univers,
Le sommeil et l’amour planent au sein des air ;
Ils sèment sur la terre en agitant leurs aîles,
Les songes libertins, les flammes infidelles ;
Déjà la putain sort et guette le miché ;
Sœur Ursule au couvent prend son godemiché ;