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Son front ceint de frimats, de hauts pins ombragé,
De la pluie et du vent est sans cesse assiégé,
Son chef demi-pelé sous les neiges se cache,
Et des fleuves glacés pendus à sa moustache,
Descendent sur son sein en forme de rabat.

Vers son nez limoneux le dieu cingle et s’abat,
S’y repose, et bientôt d’un essor plus rapide
Précipite son vol sur la plaine liquide.
Vous avez vu souvent cet oiseau voyageur,
Du mois fleuri d’avril fidèle précurseur,
Raser l’onde argentée, et sur sa molle face
Jamais en l’effleurant, n’exciter de grimace ;
Tel est le dieu : sitôt que son ailé patin
A touché les ramparts de l’illustre catin ;
Il apperçoit Énée, architecte novice,
Au milieu des maçons diriger la bâtisse.
Le glaive des combats sur sa hanche collé,
Des perles d’Orient resplendit étoilé ;
De son épaule pend un manteau d’écarlate,
Présent de son amante, où sa main délicate
Avait en fils de soie, artistement brodé,
Des conins soupirans autour d’un vit bandé.