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Envain la faible Élise à l’attentat s’oppose,
Déjà le baiser pris devient trop peu de chose :
Un désir satisfait enfante les désirs,
Et les plaisirs goûtés ne sont plus des plaisirs,
Plus le héros obtient, plus il demande encore,
Didon voit ses projets, et son teint s’en colore ;
Elle veut, mais envain, enchaîner son ardeur ;
Et pour le mieux sentir, différer son bonheur ;
Le guerrier s’en irrite, il presse, elle succombe,
Jette un cri de défaite, et sous son vainqueur tombe.
À l’aimable assaillant qui la presse en ses bras,
Didon dispute encor ses palpitans appas ;
Flattant, égratignant l’indiscret qui la trousse,
Elle approuve et condamne, elle attire et repousse
Son amant tour-à-tour défait et triomphant,
Le désir sollicite et la pudeur défend ;
Quand le brillant fuseau de l’amoureux Alcide
Aux yeux d’Omphale en rut, se montre et la décide ;
Tous les forts sont rendus ; vainement la pudeur
Se fait entendre encor dans le fond de son cœur ;