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L’Aurore cependant que de folles épreuves
Ont près d’un mari nul réduite à des nuits veuves,
Du beau lit de safran où dort son vieil époux,
Sans avoir étrenné, se levait en courroux,
Et du plaisir, à jeun, quittait le réfectoire ;
Les cieux s’ouvraient ; la terre ôtant sa gaze noire
Des chasseurs Tyriens voit le noble concours.
Du palais à longs flots tous inondans les cours,
Attendent que Didon qui pressent sa défaite,
Ait, prudente catin, fait toilette complette.
Caparaçonné d’or, son superbe coursier
Hennit impatient au bas de l’escalier ;
La reine enfin descend de gardes entourée ;
Un anneau d’or soutient sa robe diaprée ;
Ses cheveux sur son cou épars, non sans dessein,
Couvrent de leurs flots d’or l’albâtre de son sein.
La troupe des troyens non moins belle s’avance,
Ascagne au milieu d’eux d’un galant trot s’élance ;
Et bientôt même Énée, entrant en rang d’oignons,
Marche et brille au-dessus de tous ses compagnons.