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Porte avec volupté dans son ravin brûlant
De ses flots amoureux le secours consolant.
Du lubrique bourgeois échauffe aussi la queue ;
Fais bander en chorus Carthage et sa banlieue ;
Que d’un con tout engin grille de se vêtir,
Que le peuple troyen foute celui de Tyr,
Et qu’aux culs de mes gens, fendus de sécheresse,
Le foutre d’Ilion s’applique pour compresse. »

Ainsi parla Junon ; la reine au con bannal
Vit de ce discours feint le piége déloyal,
Et reprit en ces mots : « Illustre maquerelle,
Du levain assoupi d’une antique querelle,
On ne me verra point réveiller les aigreurs,
Ni de nos longs procès rallumer les fureurs.
Qui, sans être insensé, choisirait votre haine ?
Mais que l’hymen ici, d’une éternelle chaîne
Joigne le vit troyen au con carthaginois,
Que confondant enfin leur patrie et leurs lois,
De Pergame et de Tyr le peuple s’entrefoute,
Jupin le voudra-t-il ? Vous le croyez ; j’en doute :
Vous pouvez, vous sa femme, épier les momens
Et sonder sur ce point ses secrets sentimens,