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De ne plus m’abaisser à foutre sous un maître ;
Ce vit dans l’Univers était le seul peut-être
Qui pût faire en marchant trébucher ma vertu,
Rendre Didon volage, et mon défunt cocu.

Anne, je l’avouerai ; depuis l’heure fatale
Où dans les champs d’hymen portant sa faulx brutale,
La mort s’en vint couper les vivres à mon con,
Et faucher mes plaisirs en fauchant mon patron ;
Depuis ce jour d’horreur où notre frère avare
Au sein de mon époux plongea sa main barbare,
Emporta nos trésors de carnage souillés,
Et dispersa nos dieux de sang tout barbouillés,
Lui seul a de mon cœur chatouillé l’épiderme,
Et vers mon clitoris a rappelé le sperme ;
L’impétueux désir que l’honneur enchaîna
Rallume encor ses feux au fond de mon Æthna,
Mais que sur moi du ciel la fureur se déploie,
Que l’enfer m’engloutisse, ou qu’un Dieu me foudroie
Avant que mon navire égaré, loin des bords,
Laisse enlever sa voile et percer ses sabords,