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main furent exécutés le 30 décembre, et les autres rendus à la liberté.

Délivrés de ce danger, les ministres, toujours soutenus par les Japonais, se crurent tout permis. Le 31 décembre, un décret royal rendu sur leur initiative adoptait le calendrier européen pour les actes publics. Du 1er janvier de cette année date l’ère nouvelle, appelée première année de l’Établissement du Soleil et correspondant à la 505e année de la fondation de la dynastie. Cette mesure passa sans difficulté ; mais d’autres réformes édictées en même temps, et entre toutes la coupe des cheveux à l’européenne, excitèrent au plus haut point le mécontentement du peuple. Le roi était tellement devenu l’esclave de ses ministres, que, malgré ses répugnances, il donna l’exemple, se coupa lui-même les cheveux et publia un décret invitant son peuple à l’imiter.

Dans le principe, la mesure n’était obligatoire que pour les seuls fonctionnaires du gouvernement, soldats et agents de police, lesquels s’exécutèrent en rechignant. Mais bientôt on mit à l’extension de cette soi-disant réforme un tel zèle, une telle violence, que, bon gré mal gré, tout te monde dut s’exécuter. Si ridicule, vexatoire et impopulaire que fut cette mesure, on s’y soumit presque sans protester à la capitale et dans les environs. En province, il en alla tout autrement ; ce fut le signal de la rébellion ; de tous côtés se levèrent des volontaires qui prirent le nom de Soldats de la justice, et se donnèrent le mandat de chasser les Japonais du royaume et de faire justice des ministres félons pour rendre au roi sa liberté. Le mouvement fut si général, qu’il fallut songer rapidement à se mettre en demeure de l’arrêter ; on envoya donc des soldats contre ces rebelles d’un nouveau genre. Les soldats partirent sans enthousiasme et se battirent de même, si tant est qu’il y ait eu de vrais engagements.

Les choses en étaient là quand, le 11 février au matin, on apprend que le roi a quitté son palais en secret, et s’est rendu à la légation de Russie pour y chercher asile et protection. Cette nouvelle est accueillie avec un étonnement profond, auquel se mêle la joie de la délivrance.

Mais, comme il arrive dans toutes les révolutions, il y eut des