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fant, tout émue de ses succès sur la scène Castellane, dans un théâtre de société uniquement fréquenté par des gens du monde, bien disposés toujours, au moins par politesse, à trouver parfaits et charmans tous les comédiens qui apparaissent devant eux.

Placez Mlle Planat dans les conditions ordinaires, vous trouverez une jeune personne, au joli visage, au gracieux sourire, fraîche et rose, avec de beaux yeux expressifs, un organe flatteur et une intelligence heureusement douée. Avec des débuts en raison de l’âge, du physique et de l’inexpérience de l’actrice, vous arriverez à un résultat satisfaisant, c’est-à-dire d’excellentes choses comme jeune première, et de belles espérances ; au lieu de cela, la Comédie s’était arrangée de telle sorte que Mlle Planât ne pouvait qu’être blâmée de ses tentatives précoces. De prime-abord, et avec la hardiesse que donne seule l’ignorance du danger et de la responsabilité immense qu’elle encourt, se hasarder dans Célimène, du Misanthrope ! Valérie, la Gageure imprévue ! On rendit justice aux grâces de la débutante, à sa diction correcte, qui révélait une élève de Michelot ; on constata un succès véritable dans la Fille d’Honneur, et on conseilla avec raison à l’imprudente enfant d’étudier et de tra-