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APPENDICE

Cet ouvrage de Chateaubriand ne fut pas honoré d’un article par Sainte-Beuve : « Je me refusai tout net un jour, quoique j’en fusse très sollicité, à parler de V Essai sur la littérature anglaise… J’en écrivis mes raisons détaillées à Ampère, et M. de Chateaubriand eut le bon goût de ne point m’en vouloir^. »

A cette époque se pl-ace l’épisode conté en détail par M. l’abbé Faillies, de la publication des Œuvres de Fontanes : les deux noms de Chateaubriand et de Sainte-Beuve se trouvaient rapprochés en tête du livre, et le A’ieil ami de Fontanes s’honorait de collaborer avec le critique au « génie merveilleusement doué ».

Entre 1836 et 1840, l’amitié des deux hommes est à son apogée ; aucun nuage n’obscurcit l’éclat de ces années radieuses : le plus jeune offre respectueusement le tribut d’une admiration raisonnée et de louanges exquises ; le plus âgé descend des hauteurs de la gloire, et se laisse voir dans le charme de son intimité et la sincérité de son estime. Chateaubriand, seul parmi les contemporains, encourage Sainte-Beuve dans son dessein décrire Ihistoire de Port-Royal"’, et l’Abbayeaux-Bois suit de loin, avec un intérêt charmant, le cours de Lausanne:« Nous avons lu avec un plaisir bien vif et bien général votre Discours (Discours préliminaire de Port-Royal), lui écrivait Ampère le 9 janvier 1838; cela transportait un peu auprès de vous et faisait assister à votre cours autant qu’il se peut dans l’éloignement. Tout le monde en a été très content^ y compris M. de Chateaubriand. On lui avait dé-

Portraits contemporains, t. T. p. 80. ’Port-Royal, t. I, p. 550.