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PROLOGUE.

à tes aveux, Pour mieux prêter l’oreille, amour, Relever l’or bouclé de ses libres cheveux. Préparant un long rêve au crédule auditoire, De l’aïeul qui raconte, elle écoutait l’histoire. Sans étroits préjugés, sans haine, ses autels N’ont refusé d’encens qu’aux pieds des dieux mortels. Elle a subi du tems cette loi qui dévore ; Et parfois mon erreur la croit vivante encore. Du moutier féodal elle fuit la noirceur, Elle insulte du pied les tours de l’oppresseur ; Mais elle ne veut pas qu’on égale à la plaine Ces donjons où pleura la tendre châtelaine. Elle défend, des coups du profane émondeur, Des bois de Saint-Bruno l’auguste profondeur : Sa main, sa faible main, soutiendrait la chapelle Où, dans les nuits d’hiver, l’ermite vous appelle, Et pieuse, elle irait, aux lisières des bois, Rattacher l’aubépine aux branches de la croix. Si vous suiviez les pas où son ardeur s’élance, Vous la verriez fidèle aux noms chers à la France,. Des Dunois, des Coucy, replanter les couleurs Sur les créneaux guerriers et les vieux murs en fleurs ; Animer la guitare ou les clairons sévères, Attacher une fleur aux lances des trouvères, Aimer, après les luths amoureux ou badins,