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LE CŒUR DU POÈTE.

LE CŒUR DU FORTH. pauvre fortune, jusqu’à sa beauté même. Lisaitil ? elle saisissait l’autre volume de l’ouvrage commencé, pour le suivre encore jusqu’en ses impressions intimes. S’il composait, elle écrivait sous sa dictée, l’encourageait d’un regard ému, ou par les timides conseils de son goût si féminin et si pur.

C’était mieux qu’un secrétaire, mieux qu’un collaborateur, car elle fécondait la pensée sans la faire dévier un moment, prolongeait les heures du travail, rattachait à l’intérêt du sujet entrepris par l’intérêt qu’elle y savait montrer, et souvent d’un sourire ranimait l’inspiration prête à s’éteindre.

Peu de jours après sa disparution de l’Élysée, une espèce de domestique sans livrée déposa pour elle d’énormes paquets, de riches malles, des écrins de toutes formes et de toute valeur. Elle y reconnut les richesses qu’elle venait d’abandonner. Jamais, dans le désordre de son luxe passé, elle ne les avait vues autrement que dispersées dans les vastes appartemens d’un palais ; elle en fut éblouie, à les voir réunies dans la demeure du poète. Elle chercha un moment à en supputer la valeur, mais y renonça dès qu’en ses appréciations, même inférieures, elle eut dépassé cent mille écus.