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ÉLÉGIES.

Hélas ! il est si beau ! d’où vient donc qu’aujourd’hui Ton humide regard s’est enchaîné sur lui ? Comment voir dans tes mains, à mes efforts rebelles, Ces poètes, flatteurs et corrupteurs des belles, De qui tous les héros, funestes aux amans, Sont fiers, brillans d’audace et de défauts charmans ? C’est Renaud, c’est Saint-Preux, c’est l’ange d’Amélie, René, trésor d’amour et de mélancolie, Sublime infortuné, mêlant quelque douceur Aux longs remords du cloître où va tomber sa sœur. Ah ! tous ces demi-dieux prompts à te satisfaire, Sont autant de rivaux que ton cœur me préfère ; S’il les suit, les appelle et vole sur leurs pas, Si tu trouves en eux… tout ce que je n’ai pas ; Et quand ta voix, tes yeux, tes bras pleins de tendresse Ont enivré mes sens du nectar des caresses, Dieux ! si ton ame absente, en un parjure essor, Osait rêver Saint-Preux, ou Paris, ou Médor !