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TRADITIONS POPULAIRES.

Où nul n’élèverait vers un ciel inclément Les voiles, les agrès, tissus des mains humaines, Avec ses artimons, ses vergues, ses antennes, Ses huniers, ses haubans, jusqu’au pied du fanal Voguait appareillé le navire infernal ; Et l’écho des rescifs épouvantait la plage Des rires et des cris de l’errant équipage. Trois fois prêt à périr, trois fois son vaste bord De la vague écumante a repoussé l’abord ; Et l’oisea du naufrage, effleurant les abîmes, De ses måts flamboyans n’osa toucher les cimes : Enfin chassé du port, battu des flots amers, Il disparut, sinistre, à l’horizon des mers. Il avait fui ; la grève était encor déserte ; Nul autre objet sur l’onde au loin d’horreur couverte, N’avait frappé nos yeux, par l’éclair fascinés, Et pourtant à nos pieds, sous des rocs inclinés, Heurtait un autre esquif. Car le vaisseau terrible Entre toute victime et tout sauveur possible S’interpose ; et de nous nul aussi n’avait-il De nos frères chrétiens soupçonné le péril. Ce péril, c’est la mort. Voyez l’éclair des armes ! Écoutez l’océan répondre au cri d’alarmes ! Le vieux nocher pâlit ; de subites clartés Rencontrèrent des flots roulant ensanglantés ;