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DE MON PAYS.

Et quand, le front paré de grace et de rougeur, La jeune fille aura pour l’errant voyageur Étendu son manteau sur nos âpres rivages, Apaisé de son chien les aboimens sauvages, Elle te redira les récits d’alentour, Et les vieux fabliaux de terreur et d’amour. Là, sous les hauts noyers, près de la chenevière, Écoute des hameaux l’aïeule filandière : « Ne passez point, mon fils, si le ciel n’est serein, Près du pont de Glénis et des Piles d’airain ;

c’est là, voyez-vous, que de ce roc sauvage << S’élance le sorcier qui monte sur l’orage. » 95

IV. Sous notre doux soleil, ému par ses rayons, Viens du barde écossais surpasser les crayons, Essayer de r’apprendre aux pâtres des cabanes Le nom des Lusignan, des Concy, des Chabannes, Vous surtout, nom si cher au peuple des hameaux, Jeanne-d’Arc, dont le sang teignit ces nobles eaux. Viens, viens frapper ces flots des éclairs de la lance, Des accens du clairon peupler le vieux silence ; Sur ces rocs, si long-tems consacrés au repos, Faire éclater la guerre et flotter les drapeaux. On verra, des hauteurs de ce Rocher-qui-tremble, Le vaincu, le vainqueur, lutter, tomber ensemble ;