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l’épaule " you are a d__ d cunning Scotch, you are come in this country to make your fortune ; well well, we shall soon hear of you, for you are a d__ d lucky set ! " " Ne’er sash mon, " lui dis-je alors en riant et ensuite je lui demandai mon chemin, qu’il m’indiqua de bonne grace.

C’est une petite ruse dont j’ai bien souvent fait usage, dans ma promenade et qui m’a presque toujours réussi. Les habitans pouvaient bien aisément distinguer que j’étais étranger sans trop savoir de quelle nation, mais en leur appliquant quelque mets de broad Scotch, ils n’avaient pas de peine à me croire Écossais.

Les Irlandais sont assez accoutumés, à voir des gens de toute éspéce venir d’Ecosse et au bout de quelques années faire des fortunes assez considérables ; c’est vraiment chez l’étranger que le caractere Écossais est remarquable. Il suffit, qu’il y en ait un, dans une ville qui aye fait fortune, pour y attirer un grand nombre de ses compatriotes ; ils viennent tous se ranger sous ses ailes et il les pousse, les protége, les aide de son crédit et les met en bon chemin : aussi, il n’y a pas de villes un peu considérable en Europe, où on ne soit sùr d’en trouver dans un état assez brillant et d’autres attirés par la fumée du rôt. C’est sans doute fort respectable, et un étranger qui ne les aurait vu que chez eux, aurait de la peine à s’imaginer comment ils peuvent être si attachés et si serviables les uns aux autres, loin de leur foyers.

La pluie est dans ce pays quelque chose de terrible, elle vous perce jusqu’aux os, et vous fait trembler de froid au milieu de l’été, mais heureusement le vent qui lui succéde presque