Page:Latocnaye promenade dans l irlande.djvu/59

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On boit infiniment moins à Dublin, et même par toute l’Irlande, que je n’en avais d’idée : communément dans les principalles maisons, une heure où même une demie-heure après que les dames ont quittées la table, le maitre de la maison pousse son verre au milieu, et se léve ; cependant je ne prétends pas dire, qu’il n’a y ait pas quelques fois des parties absolument à boire, alors morbleu, on se grise d’une manière honnête ; J’en ai vu un éxemple assez original : un soir que je me retirais, un homme un peu gris, où plutôt tres sou, fut donner du coude contre un autre qui passait, celui-ci le reçut sans bouger, et le fit tomber par terre ; mon ivrogne se reléve, saisit son antagoniste au collet, lui demande son addresse, veut se battre à toute force, donne son nom, **** : l’autre ne voulait point, et répondait tres froidement. Après une dispute assez chaude, le premier lui dit, " je vois bien que vous n’êtes pas homme à vous battre comme un gentleman, eh bien ! je vais vous boxer pour six pences, " l’autre parut y consentir, mais malheureusement pour boxer, il faut ôter ses vêtemens : force lui fut, de lâcher le collet de son adversaire, qui profita de ce moment pour se mêler dans la foule sans que personne le vit.


  • Boxer, c’est se battre à coups de poings, pour le faire en regle, il faut déposer et parier quelque argent, sans quoi on ferait responsable des conséquences : mais lorsqu’on a parié quelque chose, on peut en sureté de conscience pocher les yeux et casser la gueule à son homme.


Quand il fut tout nud, il chercha des yeux son antagoniste, et ne le voyant pas, il commença à jurer et à crier, where is the lousy rascal, where is &c. et il s’approchait de tout le