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Durant un cours de près de dixhuit siécles ils n’eurent d’autres ennemis étrangers, à combattre que les Danois, qui furent pendant un tems, maitres de presque tout le pays, quoiqu’à la fin O’Brien Boromh, roi de Munster, et alors grand Monarque d’Irlande, les défit si complettement à Clontarf près de Dublin, qu’ils n’oserent plus se montrer après ; ils ont laissé par toute l’Irlande plusieurs traces de leur séjour, tels que ces forts que les habitans appellent Rath, et dans la culture de terreins près de la mer et sur des hauteurs, qui y semblent peu propres à present ; il parait qu’ils les avaient choisis pour leur sureté personnelle, où pour s’éviter la peine de couper les bois, dans les parties que l’on cultive à present.

Ce nombre de princes et de petites nations dans l’Irlande y éxcitait des divisions et des guerres sans fin ; les différens partis se battaient avec l’acharnement des guerres civiles ; il est fort peu de grands Monarques, où de rois particuliers qui ne soient morts violement ; ce Boromh qui délivra son pays du joug des Danois, fut tué dans la bataille et son fils au lieu d’être reçu avec reconnaissance par ses compatriotes, fut obligé de les combattre à tous momens et ne parvint qu’avec beaucoup de peine dans ses états.

Il est singulier que dans un état de guerres perpétuelles, les beaux arts puissent fleurir en Irlande ; il parait cependant, que ces querelles et ces jalousies nationales n’avaient point éteint les lumieres qui leur avaient été apportées par Milesius et ses suivants ; quoique l’isle fut dans un état de troubles et dissentions perpetuelles, il s’en fallait cependant beaucoup