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honorable à un pauvre diable, qui était mort de faim : je leur répondis, que puisqu’il était mort, il n’avait plus besoin de rien, cette raison ne parut pas les satisfaire ; je contribuai à sa pompe funebre ! cette occasion est peutêtre la seule, où ses amis se soyent intérréssés à son sort.

Les bateaux du canal sont très commodes, et ressemblent beaucoup à ceux de Hollande, mais le prix du voyage est près du double. Celui dans lequel je voyageai, était rempli de discoureurs politiques, assez semblables a ce que nous appellions en France, des Mouchards ; m’appercevant étranger, un d’eux m’addressa plusieurs fois la parolle, sur des matieres assez délicates du governement. Après avoir fait quelque tems des réponses ambigùes, crainte d’interprétations fausses, je crus à-propos de faire semblant de dormir, et je me mis à ronfler : c’est une assez bonne manière de se tirer d’affaire en pareil cas.

Ce canal est un ouvrage superbe, il passe au travers de tourbes immenses, où l’on a été obligé de creuser dix où douze pieds, avant d’arriver à la terre, pour former les côtés et le fond du canal. On passe plusieurs aqueducs, entrautres un dont la hauteur et la longueur sont vraiment prodigieuse.

Dublin est une ville très considérable, a peu près la quatrieme partie de Londres, dont elle est l’image en petit ; les rues mêmes portent le même nom : la beauté de ses bàtimens pourrait le disputer à ceux de cette capitale : on est étonné de leur magnificence et de leur nombre. Le palais où le parlement s’assemble, fait honneur aux représentans de la nation, c’est un immense batiment circulaire et entouré d’une colonnade magnifique.