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tout, l’espèce la plus timide et la plus crédule de l’univers, partaient en foule la dessus, avec leur famille et le peu d’effets qu’ils pouvaient avoir, pour se mettre à l’abri des persécutions en se rendant de l’autre côté du Shannon. J’ai moi-même souvent rencontré de ces familles errantes, dirigeant leur marche de ce côté : le pere, la mere, portant à leur cou avec leurs effets, les enfans qui ne pouvaient marcher et suivis des autres, qui, comme eux étaient chargés du bagage et accompagnés du fidéle cochon et même de quelques volailles. C’est en causant sur la route, avec quelques unes, que j’ai connu la prophétie de St. Ikolm, et les rapports tentans, que l’on faisait courir sur le pays vèrs lequel il se dirigeaient.

Les habitans de la ville, à Armagh étaient tellement accoutumés à entendre parler des excès que la nuit avait produite qu’il les racontaient d’une maniere très indifférente : se pays voisin n’en était qu’à peine informé et je n’imagine pas que la centieme partie, en ait jamais été connu à Dublin. Dans le fait, de quelque côté que ces crimes fussent commis, c’était toujours une revenge et les plaintes que les paysans venaient en faire à la ville, étaient toujours faites de la maniere la moins propre à exciter de l’intérêt. J’ai vu un homme absolument ivre, venir se plaindre que son beaufrere avait été égorgé par un parti de quatre où cinq cents hommes qui étaient en marche sur la ville : son beaufrere avait bien effectivement été tué, mais c’était dans une querelle particuliere et les troupes ne trouvèrent personnes qui pensat à les opposer. Il arrivait aussi quelques fois (à ce qu’on m’a-dit) que par méchanceté, les paysans saccageaient et brulaient eux mêmes