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qui ensuite sont deveneus l’objet principal du commerce en Irlande, surtout dans le Nord, Toutes ces villes étaient remplies de soldats et de volontaires. Quoique je regrettasse de ne pas m’y arrêter quelque tems, l’idée cependant que mon séjour eut été loin d’y être agréable, m’engagea à me rendre au plus vite dans un endroit où je pourrais être plus tranquille, où du moins, je me trouverais recommandé à quelqu’un. Je me rendis donc à Bann-Bridge, et je fus me présenter chez Mr. Ross Thomson.

Ce pays est rempli de manufacture de toile : mais ces derniers troubles ont rendus le commerce bien languissant, les moulins cependant, allaient encore, et l’on doit espérer qu’une année de paix remettrait tout dans l’ordre. La loi militaire était alors éxécutée à la rigueur sur les habitans : ils ne pouvaient pas avoir de lumieres chez eux après neuf heures, et toutes personnes trouvées dans les rue après cette heure étaient dans le cas d’être arrêtées. La foire eut lieu pendant que j’étais dans cette petite ville et fut très tranquille : les soldats se promenaient au milieu du marché et obligeaient les femmes qui avaient quelque chose de verd, à leur ruban de les quitter *. Eut-on employé en France le quart des moyens de rigueur, dont on a été oblige de faire usage ici, il n’y aurait très certainement point eu de révolution. Je puis dire avoir vu deux choses bien remarquables ; la premiere, comment en France, un gouvernement faible et de sots Ministres ont conduits par leur folies, un peuple entiérement Royaliste,