Page:Latocnaye promenade dans l irlande.djvu/303

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

s’était cru obligé d’user de moyens de rigueur ; je replaçai mon bagage en sautoir et je m’acheminai, vèrs Newtown-Ard. Au milieu du chemin un homme qui conduisait un car chargé de tourbes, et qui parraissait être embarrassé après sa charrétte, me cria, pray Sir will you push my cash ; encore plein des idées terribles que les Écossais m’avaient donné de ces pauvres diables, je crus que c’était une maniere Irlandaise de me dire, de lui pousser my cash (mon argent) pour lequel je ne me trouvais pas disposé, car je ne sais ce que c’est, que d’avoir la bourse du voleur ; me tenant donc à une distance respectueuse, je lui demandai ce qu’il voulait dire, why dit il, c’est de m’aider à replacer my turf cash (car c’est ainsi qu’ils appellent le panier qui leur sert à charier leur tourbe). Oh ! pour ça, lui disje, de tout mon cœur, et d’un coup d’épaule, je l’eûs bien vite remis à sa place. En entrant à l’auberge, j’apperçus affiché sur la porte, " si l’on tire encore un autre coup de fusil dessus les sentinelles, on donnera ordre de mettre le feu à la ville. " Diable ! me dis-je.

Je fus reçu avec bonté, chez Mr. Birch, que j’avais vu à mon premier passage, et je me rendis encore une fois à Belfast, où j’arrivai le jour que l’on célebrait la naissance du Roi. La garnison prit les armes et tira plusieurs volées en l’honneur de sa Majesté ; le peuple de cette ville que l’on représentait comme prêt à se soulever il y a quelque temps, était alors dans une stupeur, peu différente de la peur la plus grande. Au soir on illumina ; les soldats coururent les rues armés de batons et brisèrent les fenêtres de ceux qui n’avaient