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qu’ailleurs et que malgré le long espace de temps, que j’y ai passe et même dans les montagnes, j’ai quitté le pays sans en savoir jouer.

Il n’y a gueres que quarante ans, que le thé fut introduit en Écosse ; une personne à Londres qui revenait de la Chine, en envoya quatre où cinq livres à une dame de ses amies comme une rareté : celle-cy, à ce qu’on m’a dit, le fit bouillir une grande heure, puis jetta l’eau et présenta les feuilles sur la table avec une sauce au beurre.

On fait par toute la grande Bretagne, fort peu d’usage des légumes, en hyver surtout : l’on m’a conté cependant, qu’un certain homme près de Montrose ne pouvant s’en passer, en demandait tous les jours à sa femme, qui lui répondait qu’il n’y en avait point. " Give me something green, repliquait toujours le mari d’un air d’humeur, quoique ce soit. " La bonne dame à la fin, pour tâcher de le satisfaire, avisa une vieille paire de culotte de velours verd, qu’elle fit bouillir et plaça autour du bœuf.

Mais je crois à propos pour moi, de ne pas plaisanter davantage, car la bile des honnêtes gens dont je parle, est fort aisée à émouvoir ; un d’eux qui s’entendait appeller a true Scot par un perroquet dans Hollborn à Londres, lui dit qu’il était bien heureux de n’être qu’une oie verte, car autrement il lui apprendrait à vivre : un des chefs de la ligue Amériquaine, ayant dit en riant à un Écossais qui dinait chez lui, " j’espere Monsieur, que vous ne vous offenserez pas de m’entendre dire du mal des Écossais quand je serai gris, car c’est ma coutume et je ne saurais m’en empêcher. " — " J’espere " aussi Monsieur, lui dit l’autre, que vous voudrez bien excuser