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honorable mais seulement qu’un tel changement de maniere devait en faire un grand dans la société.


  • Un caporal qui se tuait à tacher de faire manœuvrer un Professeur, sans pouvoir réussir à lui rien faire entendre, se mit enfin fort en colere et lui dit en jurant, " j’aimerais mieux faire faire l’exercice à cinquante polissons qu’à un seul philosophe. " . . . Avait-il tort ?


On avait fait prendre les armes à tous les portefaix, les porteurs de chaise, les laquais et les artizans de toute espéce et on leur donnait deux shillings par semaine, comme une espèce de dédomagement pour le temps qu’il leur fallait perdre à l’éxercice.

Cette énergie singuliere fait certainement beaucoup d’honneur à la grande Bretagne mais cependant en me rappellant ce que l’on me disait souvent, lorsque j’arrivai d’abord dans le pays, je n’en pouvais guères concevoir la nécessité, car me disait-on alors, un Anglais est toujours sùr de battre à platte couture trois Français et quelquefois même, on me faisait, sentir qu’un Écossais avait souvent valu trois Anglais.

Il est vraiment singulier, quand on y pense, devoir la menace d’une invasion, renouvellée dans toutes les guerres avec la France et toujours avec le même succès. Ces menaces n’en imposent au gouvernement, qu’autant qu’elles l’obligent à avoir vingt vaisseaux de guerre dans la Manche, qui pourraient être employés ailleurs : mais après tout, elles rendent l’accès des bourses beaucoup plus faciles, par la terreur qu’elles donnent. Le secret, dit le Cardinal de Rets, est de savoir gouverner les gens par des frayeurs dont ils sont eux-mêmes les instrumens : on connait ce secret dans la grande Bretagne.

L’esprit qui regnait parmi les habitans d’Edimbourg lors de la formation des volontaires était en tout semblable à celui