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était le nom de l’Amiral Français dans cette occasion ;" lorsque je leur eus fait savoir, que le Rhin n’était pas beaucoup plus large que la Tamise à Chelsea, ils s’étonnerent fort qu’on en eut tant parlé, car dirent ils avec beaucoup de sagacité, " il n’y a rien de si aisé de passer la riviere dans un bateau." M’empaquetant dans la diligence je fus chez Mr. Blair, à Beacon’s Fields, où je passai une huitaine très agréable ; c’est dans ce voisinage que le vieux et fameux Edmond Burke pleurait son fils et les malheurs de l’Europe. J’arrivai bientôt à Bath, où je fus bien aise de profiter des plaisirs qui s’y trouvent et malgré les quels, les oisifs qui y habitent, ont l’air si ennuyé ; ils s’en vont bâillant de la pompe au jeu, du jeu au bal, du bal chez le libraire et du libraire au lit, qui du moins pour quelques heures, les empêche de sentir le poids de leur éxistence.

Cette ville infiniment agréable à tous égards, cesse cependant de l’être après quelque temps lorsque l’on n’y a pas de société formée; on y court tellement après le plaisir, que le plaisir s’enfuit et qu’on n’est rien moins que sùr de l’attrapper.

Il y avait à Bath, un petit nombre d’émigrés qui s’y tiraient mieux d’affaire qu’à Londres, où ils se nuisaient les uns-les-autres. Depuis mon dernier passage dans cette ville, elle s’était beaucoup augmentée on y avoit bâti des quartiers considérables et magnifiques, ce qui prouve qu’elle a encore augmentée de faveur, parmi les habitans de la grande Bretagne.

Je fus de là à Bristol, pour tacher de m’y embarquer pour