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bruit, qu’on attribuerait aux six cents quatre vingt quinze autres. C’était ainsi de Belfast alors, les habitans paraissaient fort tranquilles et même moins occupés de la politique, que dans beaucoup d’autres endroits.

Belfast à presqu’entièrement l’air d’une ville Écossaise : l’esprit des habitans ressemble assez, à celui de ceux de Glasgow : si vous leur parlez de l’Empereur et du Général Clairfaix, ils vous répondront que le sucre est trop chèr et le linge trop bon marché, suivant qu’ils s’occupent de l’un où de l’autre, et que si l’on ne fait promptement la paix, ils ne sauront comment se défaire de leur mousseline et ne sauraient acheter du vin. Je ne dis pas, qu’ils ayent tort de vouloir la paix, mais cependant il faut bien prendre garde de ne pas exciter une guerre civile dans le pays, pour avoir la paix avec l’étranger. Dans tous les cas, on ne saurait faire la paix, ni se marier tout seul : il faut au moins que l’autre partie y consente.

Un jour je me rendis à Carrikfergus pour voir le chateau que Turreau surprit dans la dernière guerre : il est situé sur un roc à l’embouchure de la baye de ce nom : les Français au nombre de trois mille, arriverent avec deux vaisseaux et dans une heure où deux, prirent le chateau d’assault. Si le commandant eut su profiter de la terreur que cette expédition jetta dans le pays il aurait certainement pu mettre Belfast à contribution. Mais il avait avec lui un officier de génie son supérieur, qui ne voulut pas hazarder l’entreprise avant de s’être fortifié ; cela donna le temps aux troupes d’arriver, et il fut obligé de se rembarquer.