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sa vache et on les cloua à sa porte : la malheureuse bête ne pouvant plus paraitre avec honneur dans le public, il en acheta une autre, à qui quatre jours après on fit la même opération et ainsi d’une troisième ; à la fin cependant il crut devoir la garder telle quelle était, et lorsqu’elle paraissait dans les champs, on lachait les chiens après. Le pauvre vicaire a voulu trouver à redire à tout cela, il s’en est plaint : alors on a brisé ses fenêtres et bouché sa cheminée ; aussi j’ai rarement vu d’hommes plus zélés, pour le gouvernement.

La ville D’Antrim capitale de ce Comté, est une pauvre bourgade sans apparence de commerce où d’industrie quelconque. On voit à quelque distance, une tour ronde que l’on dit avoir été autrefois au centre de la ville : elle en est à présent à plus d’un mille, au milieu de la cour d’une maison de campagne. Pour aller de là à Belfast, il faut encore traverser les montagnes, qui forment une ceinture presque générale le long des côtes de l’Irlande.

J’avais tant entendu parler des troubles, des assassinats et des conspirations dont on disait Belfast le foyer, que ce ne fut pas sans répugnance, que je m’y rendis. Je fus agréablement surpris de trouver la ville dans le plus grand calme. C’est ainsi que va le monde : si en passant dans une rue on savait qu’il y eut une assemblée de six à sept cents personnes, et qu’en parlant sous les fenêtres, on entendit un tapage terrible. On dirait tout naturellement, il y a sept cents personnes assemblées dans tel endroit, qui font un vacarme épouvantable, et cependant ce ne ferait peutêtre que quatre où cinq aboyeurs parmi elles qui feraient tout le