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fait, ces gens semblaient faire cette besogne assez paisiblement, je m’avançai tout doucement et passai au milieu de la troupe, sans que personne parut prendre garde à moi.

On m’a dit, que c’était une ancienne coutume etablie parmi les paysans, de s’assembler sur le retour de la saison à la fin de l’automne et de déterrer les pommes de terre des personnes à qui ils veulent du bien, à peuprès comme en France, on plantait un may à leur porte. Ce qui donna de l’inquietude au gouvernement dans cette occasion, c’est que ce fut plus particulièrement les pommes de terre, des personnes qui venaient d’être arrêtées pour hautes trahisons que les paysans recueillirent, et aussi celles de ceux connus pour leur mécontentement, quoiqu’ils ayent, à ma connaissance, fait la même faveur à des gens qui étaient très attachés au gouvernment. Mr. Moore par éxemple, chez qui je reçus l’hospitalité ce jour là, ne put parvenir à les en empêcher et pour ne pas s’attirer leur inimitié, il crut devoir les laisser faire.

Ces assemblées étaient conduites avec le plus grand ordre : un homme, sans rien qui put le distinguer, se faisait obéir en tournant la main et en poussant certains cris : tant que l’opération durait, les hommes, les femmes et les enfans chantaient accompagnés par un instrument quelconque. Aucun des individus ne pouvait se permettre de boire de liqueurs fortes : ceci certainement, était un rare effort pour le pays, et je puis dire avec certitude, que la condition a été tenue à la lettre : je n’ai jamais rencontré un seul homme soù, près des champs de pomme de terre ; je ne dis