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sur laquelle la ville est située, cela vaudrait infiniment mieux et ferait circuler l’air dans les rues : mais les habitans en sont jaloux et se rappellent encore le siége mémorable, que cette ville soutint contre le roy Jacques, quoique tres certainement il lui serait impossible de résister à présent à aucune attaque réguliere.

Je fus visiter l’endroit sur lequel le roy Jacques était campé, ainsi que les différens postes français. Ces derniers me semblerent habilement choisis : mais ce qui m’étonna fort, ce fut comment la frégate Anglaise put parvenir à forcer son passage, malgré la chaine qui barrait la riviere et les batteries qui étaient sur ses bords : on sait que la ville était sur le point de se rendre et que la flotte Anglaise, avait été obligée de se retirer dans le Lough Swilly, où elle avait attendu près de six semaines, sans trouver aucun moyen de lui donner des secours : sachant cependant l’extrémité où les habitans se trouvaient réduits, on résolut de risquer de faire forcer le passage par une frégate, accompagnée de deux où trois vaisseaux de transport.

La reddition de la place dépendait du succès de l’entreprise : on doit sentir l’intérêt qu’elle devait exciter dans les deux partis. La frégate poussée par un bon vent et par le courant de la marée, frappa avec violence contre la chaine : elle en fut d’abord repoussée et échoua sur la vase, mais heureusement, que le capitaine profitant de la marée montante, la dégagea en faisant tirer à la fois, tous les canons du côté où elle était envasée et la marée la reporta vèrs la châine que le premier choc avait brisée : lorsque la frégate eut passée, le