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étuvant dans des chaudieres de souffre, on le fait lui même rôtir et bouillir quelque temps : après bien des épreuves de ce genre, il arrive dans les Champs Elysées où il est reçu par des Evêques et des Moines, qui lui font voir la porte du paradis, le complimentent sur son courage, le régallent de la nourriture céleste, puis le renvoient en enfer, c’est a dire le font rentrer dans le monde car,

Ce monde hélas, est bien un autre enfer.

Il n’est pas hors de propos d’ajouter, que Mathieu Paris dit aussi, qu’avant d’entrer dans cette caverne on, faisait veiller, prier confesser et jeuner le pénitent pour le préparer aux choses surprenantes qu’il devait y voir. Nous avons un vieux proverbe français, qui dit que ventre affamé n’a point d’oreilles, on pourrait dire aussi, qu’il n’a point de raison, et qu’il était fort aisé de faire voir tout ce qu’on voulait, à un homme préparé de la sorte.

Je reviens à ma promenade : je passai par la petite ville de Donegall : je tournai tout à coup à l’Ouest et passai par cette ouverture singuliere, qui se trouve dans les montagnes et qui semble avoir été faite comme si la nature eut voulu ménager une communication d’un pays à l’autre ; c’est le seul passage qui se trouve dans les montagnes du coté de la mer : on voit près du sommet, le Lac Ease, il y en a aussi un autre de l’autre côté, dont le cours est vérs Londonderry. J’apperçus un vieux chateau tout seul dans ces montagnes désertes, mon conducteur me dit, qu’il y avait autre fois des troupes, pour purger le pays des Toris, qui a ce qu’il prétendit étaient des