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des hommes est un vil troupeau, toujours prêt à marcher à la voix du chien, dont ils craignent le plus le morsure. Qui pourrait douter, que les sept huitiémes des soldats qui ont assisté au Martyr de Louis seize, ne l'eussent vu s'échapper avec plaisir et que parmi le reste un tres grand nombre ne fut indifférent.

On crierait étrangement au paradoxe, si je disais que je ne crois pas, que plus d'une douzaine d'hommes fussent acharnés à sa perte et ces douze hommes encore, ne brillaient peut-être pas d'un feu qui leur appartint et servaient avec leur rage, l'ambition de deux où trois. On, m'objectera les victoires étonnantes et les succès brillans de leurs armées ; eh ! n'avait on pas vu avant la révolution de France, le grand Frederick battre les rois de l'Europe avec leurs propres sujets ; ne se rappelle-t-on pas les quarante mille Saxons, qu'il fit prisonniers de guerre, et qu'il enrôla malgré eux dans ses troupes. Lorsque deux armées sont en présence, les opinions particulieres des individus qui les composent, ne signifient rien, il faut qu'ils se battent pour leur défense personnelle ; les dangers de la désertion sont si grands qu'à moins de circonstances particulieres, il y a fort peu d'hommes qui osent les braver. D'ailleurs ce n'était plus, pour où contre le roy, que la guerre se faisait : il était malheureusement notoire, que c'était pour, où contre la France. Dans ce cas, chaque individu avait un intérêt puissant à défendre son pays, quelles que fussent ses opinions politiques.