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grossiers que nos Bas Bretons et terminant leur marché avecla même bonne foi, se donnant et se rendant leurs guinées, jusqu’à quatre où cinq fois, avant de terminer et d’aller boire bouteille.

Je fus tout de suite me présenter à Haselwood, chez Mr. Wynne : c’est un des plus beaux lieux que j’aye vu dans ma promenade et c’est aussi un de ceux où j’aye été traité avec le plus de bonté.

J’ai eû bien des peines et des fatigues dans ce long pélerinage de l’émigration : j’ai souvent, tres souvent été tourmenté par des âmes étroites, qui faisaient naitre des pretextes pour me véxer : l’un me disait Démocrate, l’autre trop Aristocrate ; un troisieme Athée et le quatrieme un Papiste bigot. En un mot il n’est sorte de bêtises et de vexations ridicules et cruelles, que le sordide intérêt ne m’ait fait eprouver. l’estime de quelques gens de sens, l’accueil flatteur d’une seule famille respectable, m’a toujours fait tout oublier.

Je passai cinq où six jours charmans à Haselwood. Le soir de mon arrivée, je fus invité à aller au concert de Sligo : il se donnait dans la salle de session et ne ressemblait pas mal à une révolution complette : le grand tambour était sur le thrône de la justice, les fifres et les fluttes à la place des avocats et l’audience à celle des patients .

Je fis la folie le lendemain de me promener tout seul, sur le lac GillGilty. Une tempête soudaine vint tout à coup : peu s’en falut qu’elle ne fut fatale à ma pauvre nacelle, je fus trop heureux de prendre asyle comme Robinson Crusoé, dans une isle déserte ; ces islettes sont toutes couvertes de